Paris Brest Paris - Quelle aventure !!!

D'abord au réveil, il y a la difficulté de regrouper ses affaires dans l'obscurité du dortoir : pas question de lumière au risque de réveiller les voisins... On vérifie à tâtons qu'on ne laisse rien derrière soi... Et pourtant, j'ai perdu le bandeau cache oreilles et le tour du cou...

Et puis, il faut retrouver le vélo ! La fatigue aidant,  çà m'est arrivé plusieurs fois au retour de chercher l'allée où je l'avais mis... Même s'il y en a moins qu'à l'aller, il faut retrouver son "cheval de fer" parmi des centaines de vélos ! On perd du temps et on s'énerve...

Photo L'EQUIPE

Une fois parti, je constate que la nuit n'est pas aussi froide que je le craignais. Ouf...

Assez vite, je trouve un groupe qui roule bien. C'est agréable d'autant plus que le lever du jour vient assez vite, sans impatience de ma part. Peu avant QUEDILLAC, je décide que je ne m'arrêterais pas : ce n'est pas un point de contrôle, juste un point d'accueil et de ravitaillement. En plus, le groupe dans lequel je suis ne s'arrête pas non plus.

On passe devant l'entrée de l'accueil, et on n'a pas fait 500 m que j'entends un claquement à l'arrière de mon vélo ! Et plus moyen d'utiliser le dérailleur arrière ! S'ensuivent des descentes et ascensions émotionnelles :

"Bon dieu ! qu'est ce qui m'arrive ? Mon dérailleur vient de lâcher !"

Non, non, je n'ai pas perdu les pédales !!!

"Une chance ! Je vais pouvoir faire réparer au point d'accueil très proche".

Je reviens donc 500 m en arrière et recherche l'atelier vélo.

Premier diagnostic du mécano de permanence : "C'est le câble de dérailleur qui a cassé mais je ne sais pas s'il m'en reste... car j'en ai changé plusieurs". Vérification faite, il n'en a plus...

Descente de moral : "Et bien, je suis mal barré ! Et dire que çà ne m'est jamais arrivé ! Lors de la révision du vélo j'aurais dû demander de changer tous les câbles...".

Le mécano a de l'humour : "Il faut un début à tout !"

N'empêche que j'aurais préféré que çà arrive à un autre moment...

Le mécano : "mais je vais vous faire une réparation de fortune et vous irez comme çà jusqu'à TINTENIAC, qui est à 26 km, où ils auront certainement ce qu'il faut".

La réparation de fortune consiste à positionner la chaîne sur un pignon intermédiaire et à la bloquer dans cette position. Je pourrai utiliser les 2 plateaux et un seul pignon arrière. Cela me fera 2 vitesses au lieu des 16... (1) C'est mieux que rien, car avant cette réparation la chaîne est bloquée sur le plus petit pignon, soit le plus gros braquet !!! Bonjour l'épreuve de force et les crampes ensuite...

Donc, remontée de moral ! d'autant plus qu'un bénévole bien attentionné me dit : "on va vous faire une attestation pour votre carnet de route, comme quoi, suite à un incident mécanique, vous avez perdu du temps. Cela peut servir, si vous êtes un peu au-dessus du temps limite".

Je repars donc avec une attestation mentionnant que j'ai perdu 25 minutes à QUEDILLAC (avec un tampon en bonne et due forme...).

Bien évidemment, je constate tout de suite qu'en descente et sur le plat je ne peux pas rouler aussi vite et que dans les côtes c'est beaucoup plus dur... Je vais devoir faire 26 km comme çà... Mais je positive en me redisant que j'ai eu une certaine chance de connaître le problème à 500 m d'un point d'accueil... 

J'arrive tant bien que mal à TINTENIAC et, bien avant d'aller ranger mon vélo, je demande à pouvoir l'amener à l'atelier réparations. Je pointerai par la suite.

A l'atelier, douche froide ! Le mécano : "OK j'ai ce qu'il faut mais va falloir attendre car j'ai d'autres cyclos avant vous...". Je lui demande une évaluation : "3/4 d'heure, 1 heure". Le moral prend un autre coup...

Là, ils étaient en force ! (photo de L'EQUIPE)

Quand je suis passé, il était tout seul (au centre)

Je vais pointer, il est un peu moins de 10 H. Je vais manger un peu sur un banc et j'essaierai ensuite de faire une sieste. Sauf que l'animateur de service met la sono à fond et parle souvent pour ne rien dire... Impossible de se reposer dans ce vacarme ! D'autres ont dû faire le même constat car l'animateur fait savoir à un moment donné qu'il ne peut pas baisser la sono et rajoute "je suis là pour animer et si je n'anime pas, autant rentrer à la maison !". Bref, voilà un qui a le sens des priorités...

Comme je ne peux rien faire d'autre, je vais à l'atelier de temps en temps... Et je peste un peu contre ceux qui viennent discuter avec le mécano en lui faisant perdre du temps...

Lors d'un de mes passages, il me dit qu'il va pouvoir s'occuper bientôt  de mon vélo,  mais ajoute "avec ce type de gaine, je vais devoir "enfiler" le câble dans une autre gaine interne, et là c'est parfois laborieux. Dans un cas précédent j'ai mis au moins 3\4 d'heure à le faire...".

Je retourne sur mon banc, le moral lui, bien "enfilé" dans les chaussettes...

Je repars aux nouvelles quelques minutes plus tard et là une bonne surprise m'attend : " Vous avez de la chance, le câble est passé du premier coup ! Je fais les réglages et vous allez pouvoir repartir". Je règle la facture comme une libération !!! Je repars aussi avec une attestation mais ils ont oublié de mentionner le temps perdu. Je n'ai pas noté non plus, mais grâce aux messages Whatsapp, je sais que je suis reparti vers 11H30 :

Ayant passé le tapis électronique à  9H41, j'ai donc passé presque 2 heures à TINTENIAC...

En route vers FOUGÈRES avec un vélo qui fonctionne bien et un moral au beau fixe...

En arrivant à FOUGÈRES, 54 km plus loin, j'aperçois Jo et Annick avec Claudie et Laurence. Le soutien de la famille, c'est bon pour le moral !

Je pointe puis viens manger un peu et me détendre adossé à un arbre.

Je raconte mes mésaventures mais là aussi

Claudie et Laurence me rappellent que la priorité

c'est de se reposer...

Va pour une petite sieste de 15 minutes...

puis je reprends la route.

Après le départ du cyclo,

séquence photos :

(1) En théorie 2 plateaux et 10 vitesses cela fait 20 vitesses. En réalité, pour ne pas croiser la chaîne, chaque plateau ne peut-être utilisé qu'avec 8 vitesses, soit 16 vitesses.